Les Images en communs (2/5) avec Philip Scheffner, Stefan Kruse and Nilgun Bayraktar
Nous sommes heureux de présenter l’enregistrement de la deuxième session de notre séminaire « Les Images en Communs ». Pour cette deuxième session en ligne, en anglais, nous avons eu le plaisir d’accueillir Nilgun Bayraktar, chercheuse et professeure au California College of the Arts ; Philip Scheffner, artiste et cinéaste allemand et Stefan Kruse, artiste et cinéaste danois.
Ensemble, ils ont questionné les enjeux politiques et poétiques des représentations visuelles, vernaculaires et médiatiques circulant sur internet, de l’immigration et de la prétendue « crise » migratoire en Europe et en Méditerranée.
Après une présentation de Nilgun Bayraktar et le visionnage de quelques fragments des films documentaires « Havarie » (Scheffner, 2016) et « The Migrating Image » (Kruse, 2018), un temps de discussion entre les trois invités, et éventuellement avec le public, a eu lieu.
HAVARIE, Philip Scheffner, 2016, 93min.
« 37°28.6 Nord et 0°3.8 Est, en mer Méditerranée, à quelques dizaines de miles des côtes espagnoles. Un frêle esquif chargé d’hommes est repéré par un paquebot de croisière. Les passagers entassés sur les coursives regardent, un homme filme. C’est ce matériel vidéo de quelques minutes qui nous est montré. À la fois hors du temps, comme suspendu, et rythmé par les communications des gardes côtes et des bateaux et autres hélicoptères de secours, le temps de la prise de vue finit par rejoindre celui de l’observation réelle – 90 minutes, le temps de l’opération de sauvetage et la durée du film, dans lesquelles se déploient rien de moins que le terrorisme en Algérie dans les années 1990, le conflit irlandais et la guerre en Ukraine. Tandis que le paysage sonore, riche de ses accents et langues diverses, des souvenirs partagés comme du chant des oiseaux et du bruit de la pluie, ouvre le film sur le passé, le présent et l’avenir, on ne quitte pas des yeux le bateau à la dérive. Point sombre perdu dans le bleu du cadre dont des silhouettes se détachent indistinctement et qui porte en germe toutes les histoires – d’amour, de guerre, d’exil, comme un éternel début. Un point d’origine dont les potentialités sont toujours encore non réalisées, car suspendues dans ce temps très particulier que Philip Sheffner parvient à créer. Rarement film n’aura à ce point condensé l’espace et le temps pour donner à voir, en un geste cinématographique d’une actualité et d’une force absolue, les destins de ceux qui se croisent en Méditerranée. »
(C.G. – FIDMarseille)
THE MIGRATING IMAGE, Stefan Kruse, 2018, 28min.
« En suivant un groupe fictionnel de réfugiés à travers l’Europe, le film interroge la surproduction d’images autour de tragédies et de morts de la vie réelle. Chaque segment du projet s’inspire de la destination des réfugiés, de la mer Méditerranée à un entrepôt où ils se retrouvent piégés, quelque part à Belgrade. D’où viennent toutes ces images sur les réfugiés ? Comment redéfinissent-elles la géographie de l’Europe ? »
(Giona A. Nazzaro – Visions du Réel)
Séminaire soutenu par la Fondation de France – Bourse Dream Big Grow Fast.